Au plus profond du canal Nouvelles obscures du voyageur immobile

La femme au bord du canal                        retour page d'accueil

Elle était en partance pour un grand  départ

Assise au bord du canal sur sa bite d’amarrage

Accrochée là à son destin

Tous les jours, tantôt debout, tantôt accroupie

Elle voyageait vers le fond de sa mémoire

en arrêt

De grandes bâtisses glissaient devant elle

Ignorant son appel silencieux

Appel au retour

Sorte de demi tour sur soi-même

Prédisant un lointain absent

Plus éreintant que ce mauvais songe

Qui baignait son attente

Espèce de souffle brisant les mots sur de grands murs innocents

Seule l’onde légère et profonde porte un espoir

Du côte de l’obscure et du sombre

Que le clapotis de l’eau rappelle

Dans sa perpétuelle ironie

Le long du canal

Je pleure sur ces ombres le long du canal

qui noircissent mes idées

Je les vois errantes

accrochées à de mauvais souvenirs

Elles glissent au fond de l’onde

dans la fraîcheur limpide

Puis elles remontent en surface

d’un signe de la main je les effacent

Elles sont toujours là

plaisantant sur la couleur du quai

Elles circulent prestement

manipulateur habile

Mais tout au fond de mon âme

je pleure encore

Sur ces sales idées

esseulées au bord du canal

Ne sourit pas, toi le passant

promeneur insouciant

Qui posent ses pas

dans le pas des ans

Qui bat le pavé

d’une semelle rigide

Résonance des nomades du monde

Qui disparaissent sous le sol

Car pour toi aussi

il y a une drôle de maison

                         où le plancher est en haut

Justification dernière

Si il faut qu’un jour la lumière s’éteigne,

et puisqu’il le faut,

que ce soit avec douceur,

merci à celui qui me fermera les yeux.

Je n’ai de haine qu’envers moi-même,

quand il faudra pousser la porte,

je regretterai comme toujours,

le jour qui fût premier pour moi.

D’emblée j’en perçu l’ombre.

Et derrière elle les ténèbres.

Par les nuits froides et humides,

que nos routes se séparent.

Laisser moi finir là.

Enfin.

Et puisqu’il faut des chemins,

que l’on creuse d’autres histoires,

pour d’autres que moi.

Je n’arrive plus à les lire.

Mes yeux se sont desséchés trop souvent

pour avoir le droit de juger.

Je n’ai de haine qu’envers moi-même.

Je ne vaux même pas la corde pour me pendre.

éclaircie... légère !                                                                   encore plus sombre....