Humaines platitudes

Comment croire que ta bouche est autre chose que ce gouffre pornographique dans lequel se noient mes horreurs

Que peux tu être sinon cet amoncellement d'orifices où la chaire se confond avec la viande

Des phallus érigés en spectre peuplent les décombres où se meurent les amours déçus

Combien a-t-il fallu de déceptions et de rancœur pour construire ces enfumoirs de ma vie

Qui es tu toi qui hante ces écrans où les éjaculations se succèdent au rythme infernales de mes insomnies

Que faire de ces sacs d'organes que l'on déplace comme des cadavres pour un angle où l'œil se délecte

Je me hais autant que ces immondices rectales qui ouvrent de gigantesques trous où s'engouffre la noirceur du monde

Quel besoin ai-je de m'y perdre jusqu'à l'aube de mon dégoût où je m'exècre encore plus que le mal personnifié

Ne me laissez plus seule avec ce monde anal que les urètres pissent à longueur de caniveaux

Je voudrais pouvoir me vomir ses mirages comme on expulse les aigreurs de beuveries bacchanales

Bitume 

Dans sa monotonie habituelle

Le bitume défile

Les roseaux s'enfuient

La lumière du jour brûle la chair

Et tu clignes des yeux 

Dans la pupille de ton oeil 

Les buissons s'élancent

Traversant les espaces 

Pour se planter sur d'immenses clôtures

La camélia s'est arrêtée

Elle se courbe sur le bas côté

La corvette rougeoie dans la poussière

Dans son cuir râpeux un homme

De son regard nous poursuit

Il glisse sur le macadam

Avalé par les bâtiments carrés

Délavé par les ocres et les beiges

Soudainement hurlent les éclats

Ils se plantent dans le décor

Tu te glisses de la banquette en Skaï

Mes mains crispées sur le volant

Cherchent ton corps

Mais depuis longtemps

Tu hantes les routes

Ces routes dans lesquelles

Englué je recherche une fin

A l’asphalte qui noircit mes cauchemars.
De la bonne pointure pour les chaussures

Je sens l'inéluctable aspiration vers le néant 

Enfin une bonne nouvelle 

Elles se font si rares en ce moment

Les habitants des villes tombent comme les feuilles en automne

Les toitures se délabrent et de dépit elles pissent sur le monde

L'asphalte luit de mille reflets dans la descente moirée vers les enfers

Caniveau comme tu es magnifique quand tu dégueules les immondices

Ceux qui ont engrossé la cité

Mais que sont devenues ces orgies où les ventres saillissent

Que deviennent ces bêtes fauves jetées en pâture aux cyclopes

Il y a de ces aigreurs qui me remontent les entrailles

Il me faut les vomir désolé mon ami quelles éclaboussent tes pompes