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docs du rééducateur

réflexion en cours d'écriture :

le temps en rééducation

écriture en cours : c'est une première ébauche

autres réflexions : le contrat ou pscycho-pédagogie

ainsi que fin de rééducation mais aussi 

groupe et individuel ou encore nom ou place du père

ou alors personnages introjectés

Le temps rééducatif, réponse après coup à une Inspectrice demandant pourquoi il n’était pas possible de travailler 2 ; 3 fois dans la semaine avec l’enfant. Et la question est judicieuse !

Il faut répondre sur trois points. Le premier est pour quelle raison faut-il augmenter le temps de « prise en charge » et cette formulation n’est pas anodine. Je pense d’ailleurs que les réseaux l’utilisent un peu facilement sans percevoir l’enjeu qu’elle engage. Prendre en charge, c’est retirer le problème de la classe. Prendre c’est enlever. Endosser. La question à ce moment précis, c’est à qui est destiné l’aide, à l’enfant ou bien à la classe. Et il ne faut pas faire comme si cela ne pouvait pas être, ça peut effectivement être l’enjeu, encore faut-il qu’il soit énoncé clairement. Si c’est pour aider l’enfant alors le processus rééducatif tel qu’il est habituellement défini se suffit à lui-même, et avec toutes les variantes que chaque rééducateur apporte. Si c’est à destination de la classe, pour des raisons qui peuvent être objectivement valables, alors ce n’est plus la rééducation qui est l’objet du choix mais autre chose qu’il faudra inventer. Qui pourra d’ailleurs au final être un processus rééducatif, mais au final, pas comme point de départ et le détour est important. Il faudra prendra le risque de pervertir le processus rééducatif, à mes yeux dans deux directions principales, la psychothérapie ou l’aide pédagogique. Mais pourquoi pas, mon propos n’est pas de dire le bon et le mauvais, mais de poser les enjeux.

Le deuxième point concerne, la régularité. Attention, ce point ne répond pas sur le fond à la question du nombre de séances, puisqu’on peut très bien avoir plusieurs séances régulières ! Mais chaque chose en son temps et un temps pour chaque chose (c’est juste pour détendre l’atmosphère). Pour faire un peu le malin, je dirai en m’appuyant sur ma lecture de Schopenhauer, que le fondement de l’entendement repose in fine sur le principe de causalité. Il est l’élément premier de la structuration spatio-temporelle. Il est essentiel que dans le processus rééducatif cet élément soit central. Il peut l’être certainement d’autres façons, cependant la manière dont les enfants nous interrogent sur le quand de la prochaine séance, bien souvent en terme de « demain » montre que cette prise en compte du temps est principale. Elle répond aussi à la question du désir comme expression de la toute puissance. Cela doit amener l’enfant à comprendre que la satisfaction immédiate est une entrave à la prise en compte du monde comme ordre symbolique. Le fait de différer la satisfaction à plus tard est l’élément essentiel qui permet la gestion de la difficulté dans l’acte d’apprendre. C’est ce qui peut faire que certains enfants soient hors du temps scolaire. Maintenant pour continuer à faire le malin, et cette fois en prenant appui sur Spinoza, un désir en contradiction avec le devenir de l’être humain ne peut être combattu qu’avec un désir plus grand ouvrant sur une prise en compte du monde avec pour principe la « joie ». Le devenir doit être joyeux. Cela peut paraître surprenant, pourtant, l’être humain peut être aspirer par une volonté qui le tourne vers une négativité du devenir, un renfermement sur soi ou encore une satisfaction aliénante privant l’individu d’un rapport cohérent avec la l’expression de la liberté.

La question du pourquoi une séance unique dans la semaine. Cette fois-ci cela renvoie à la maturation. L’objet de la rééducation est la compréhension par l’enfant d’éléments angoissants, car incompris, bien souvent en relation avec la vision du monde par les adultes (mais pas exclusivement). Cette prise ne compte se fait à travers la répétition. Nous faisons le pari, qui peut être contesté du reste, que la répétition dans le jeu est la mise en exergue d’éléments ayant à voir avec l’attitude inadaptée en classe de l’enfant. Augmenter le nombres de séances c’est prendre le risque de n’être plus dans la mise en évidence de la répétition mais dans la continuation d’un travail engagé. Qui peut très bien être tout simplement la suite d’un jeu, d’une activité, du coup on privilégie une autre entrée qui à plus à voir avec une relation pédagogique sur la construction des savoirs. Ce point est discutable, mais il mérite d’être posé pour en percevoir effectivement tous les enjeux. Il est ici nécessaire de rappeler les textes, qui parle d’aide à « dominante » rééducative. Cependant la rééducation, du fait de la multiplication des séances, peut prendre une autre coloration. Cela peut venir par le fait que nous ne privilégions plus qu’une seule entrée : le réaménagement de la personne dans un processus thérapeutique engagé sur une relation duelle dont les limites deviennent d’autant moins nettes que le temps augmente en présence de l’enfant. En effet, si l’on pousse la réflexion du plus de séances jusqu’à sa limite extrême, c’est la présence d’un adulte, tuteur de l’enfant qui peut installer une équivoque sur la place d’un « père » qui fait souvent défaut pour des enfants en difficultés par rapport à la loi. On risque d’instaurer un rapport de dépendance au rééducateur, que seule une psychanalyse est à même de poser car s’est une dominante de son processus. Cela ne saurait être le cas en rééducation. Indépendamment de ce qui vient d’être évoqué, le retrait de la classe, d’un enfant est un autre élément qu’on ne peut évacuer comme ça. Il me semble que si d’aventure, le nombre de séances devait augmenter, le « autre chose qu’il faudrait inventer » se devrait de prendre en compte avec l’enfant, la place de ce retrait. Le fait qu’un enfant puisse exister par sa « non présence » dans une classe est quelque chose qui peut devenir problématique. Nous ne serions peut-être pas très loin de ce que l’on a voulu éviter en supprimant les classes de perfectionnement.

Le paradoxe c’est qu’on est en même temps hors du temps scolaire tout en étant dans l’espace scolaire. C’est aussi ce qui fait la force du processus rééducatif. L’école est capable d’admettre en son sein, la possibilité de la mettre à distance pour mieux la comprendre ! C’est un espace et un temps, une lunette sur le monde, mis à la disposition d’un enfant pour mettre en jeu ses représentations du monde. A mon avis, ce qui fait la force du processus rééducatif, mais aussi d’une certaine façon toute aide apportée, c’est sa brièveté et sa rareté, c’est ce qui donne de l’importance. Multiplier ce temps c’est du même coup lui enlever sa préciosité et le rendre banal. C’est le choix entre un cadeau pour un anniversaire ou un cadeau pour un non anniversaire. Le fait de multiplier les aides est inversement proportionnel au résultat qui se fractionne en une multitude de non évènements. Ce temps est précieux en terme même d’investissement financier. Un adulte pour un enfant pendant 45 mn est quelque chose d’exceptionnel. Ca l’est d’autant plus qu’on montre à « quel prix » on a entendu sa souffrance. Voilà pourquoi il faut prendre garde à ne pas rendre inefficace une telle aide en dénaturant le projet rééducatif.